La Pma entre plus vite qu’on ne l’imagine dans notre quotidien. Notre façon de vivre, de partager, ressentir les choses change .
Quand je suis arrivée en Pma, j’avais entendu toutes sortes de choses mais je ne m’étais pas du tout imaginée ce quotidien, qui est aujourd’hui le notre. Notre façon de vivre et d’appréhender la vie a totalement changé!
Car en Pma se retrouver les deux jambes en l’air presque tous les deux jours en étant examiné par des gynécologues qu’on ne connait ni d’Eve, ni d’Adam, devient quelque chose de tout à fait normal à vivre.
C’est aussi scruter le moindre signe sur le visage du médecin dans un lourd silence durant un examen afin de vite pouvoir se rassurer.
On se retrouve le jour à peine lever, dans une salle d’attente avec une dizaine de personnes pensives, textotant avec leurs hommes, car on angoisse et l’on ne sait pas ce qui va encore nous tomber dessus…
Car dans ce long parcours, il y a toujours des événements , des nouvelles embûches, qui peuvent arriver, faire retarder ces échéances qu’on attend depuis des mois, des années . Et devoir encore prendre sur soi pour attendre de pouvoir débuter un protocole.
La vie en Pma c’est aussi se retrouver avec plein de bleu sur les bras mais aussi et surtout sur le ventre, tout en stressant de se tromper dans la piqûre si importante du déclenchement.
C’est se languir après avoir fait les montagnes russes émotionnelles durant plusieurs semaines de partir à cette ponction tant attendue. On y va alors au petit matin avec son mari, en espérant que tout se passera bien et qu’on ne souffrira pas. On angoisse de savoir si tout c’est passé au mieux, et surtout un matin on attend que le téléphone sonne, le coeur qui bat a la chamade pour savoir combien d’embryons ont tenu pour savoir si le transfert aura lieu.
C’est partager un merveilleux moment à deux et se dire qu’il y a peut être un peu de nous deux dans notre ventre….on ne rêve pas c’est bien réel. Du moins à cet instant.
On vit l’angoisse du résultat, et on voit se résultat tant espéré ne pas être le rêve que l’on s’était fait…en espérant qu’un jour il changera et nous apportera cette nouvelle tant attendue ! Et puis des fois on perd complètement espoir…encore un échec.
Etre en Pma, c’est apprendre à se rebooster, recroire en l’avenir pour toujours avancer plus fort à deux.
Mais aussi, on se met à pleurer pour un rien, on a le ventre qui gonfle à cause des traitements et ces sautes d’humeurs qui n’en finissent pas. Car les retombées hormonales, nous les connaissons mais pour d’autres raisons.
On apprend aussi à gérer notre vie par rapport aux contraintes des rendez-vous, protocoles, aller-retour à la pharmacie. On sacrifie une partie de nos vies professionnelles. Compliqué de concilier les deux…Alors on fait le choix de penser à soi, on repensera à notre travail plus tard!
En parlant de sacrifice, il y a ces moments en famille, amis, nos vacances…Au cas où la Fiv tomberait à ce moment là…on préfère ne rien prévoir. Et pourtant, quand le parcours devient long, qu’on en voit plus le bout, on change d’état d’esprit radicalement. La Pma prend trop de place dans nos vies pour une fois , elle attendra ou s’adaptera, on se met en pause, on a besoin de vivre.
Passer par la Pma, c’est se prendre en plein figure les idées préconçues des gens qui savent mieux que toi et qui te rabâchent qu’il faut arrêter d’y penser pour que bébé pointe le bout de son nez! Et puis il y a ceux qui te racontent qu’ils connaissent « ce » couple, » tu sais la soeur de ma voisine, elle allait débuter un traitement et elle est tombée enceinte »…!
Quand on décide d’avoir un enfant et que ce dernier tarde à venir, une année passe, une deuxième puis on démarre une troisième, quatrième….Les annonces de grossesses, accouchements, deviennent compliqués à vivre… et même lorsque tu crois que tu as enfin réussi à dépasser cela.
Et pourtant il faut faire avec, les autres ne peuvent pas s’arrêter de vivre pour nous…Alors on prend sur nous, ou l’on décide de s’éloigner un temps pour se protéger et revenir plus fort.
Ce long parcours permet de voir ceux qui restent à nos côtés, familles, amis.
Certaines amies fidèles toujours présentent, te comprennent malgré leurs non-passage en Pma. Et puis il y a ces amies qui connaissent tes dates de rendez-vous encore mieux que toi et qui t’envoient ce petit message qui te fait chaud au coeur, alors que tu es entrain de stresser sur un fauteuil au milieu d’une salle d’attente.
Durant ce long processus, tu as l’oreille attentive de ta mère qui est aussi peinée que toi, qui donnerait tout au monde pour te soulager un peu et qui t’aide à avancer lorsque tu craques.
Et puis il y a ceux qui se rapprochent de toi, qui se révèlent, où qui t’apportent leurs affection et qui te montrent que tu es forte, qu’ils t’admirent. Pas n’importe qui pourrait supporter cela.. vraiment!
En Pma, il y a aussi ces petites joies…peut être insignifiantes pour ceux qui ne vivent pas notre histoire mais qui pour nous, nous aident à tenir.
C’est vouloir tout abandonner quand rien ne fonctionne et puis se dire cinq minutes après que c’est trop bête de tout lâcher maintenant.
Le temps devient notre ennemi numéro un! On attend des rendez-vous, un coup de téléphone des sages femmes, de démarrer un protocole, d’ avoir une bonne nouvelle! Bref, attendre devient notre quotidien, mais aussi une horreur, surtout lorsqu’on voit les années défiler.
C’est aussi au détour d’une conversation, qu’on se retrouve à se rapprocher d’ un couple qui vit la même chose que nous. On fait également de belles rencontres grâce à des forums, des blogs, on est pas seule dans cette galère, oh que non, les langues commencent de plus en plus à se délier.
Et puis on passe par tous les sentiments possibles et inimaginables: la colère, la détresse, l’espoir, la tristesse, la déception, la joie. Mais on avance toujours!
Car malgré la complexité de la Pma, on se rend compte que c’est une vrai aventure d’Amour, on apprend à se dépasser, à se découvrir une force insoupçonnée, à relativiser des aléas de la vie, on apprend à apprécier des bonheurs simples, et surtout on vit avec un rêve, ce rêve qui un jour deviendra réalité, j’en suis sûre et qui nous fait toujours nous battre en relevant la tête!
Voilà notre quotidien, mais surtout voilà mon quotidien qui est devenue une sacrée aventure de vie..
Ce texte n’est pas grand chose, mais je voulais témoigner pour toutes ces femmes et hommes qui vivent un des plus beau et difficile des combats : devenir parents malgré les embûches de la vie et saluer cette aide si précieuse de tout ces professionnels qui les accompagnent.